Henri MARC réalise des collages depuis une quarantaine d’années en complément de son travail pictural. Mais cette production restait confidentielle et intimiste jusqu’à ce que Julie-Anne BARBE, son amie artiste parvienne à le convaincre de présenter ses œuvres lors d’une exposition collective, il y une vingtaine d’années.

Progressivement il met la peinture en stand-by au profit de ce médium et expérimente différentes techniques.

Depuis quelques temps il produit ses collages en relief, c'est-à-dire que chaque élément est sur des plans différents par rapport aux autres. Les images, généralement figuratives, permettent de fonder une cohérence sur un thème qu’il choisit au préalable.

« Il me manquait quelque chose dans le côté plat des deux dimensions du collage. J’ai fini par identifier ce petit assaisonnement pimenté dont étaient dépourvus mes collages: les notions d’objet et de volume étaient absentes et créaient un vide dans ma recherche.

Je ne vois pas cette technique comme un « gadget » mais en tant que véritable mise en valeur de chaque élément, leur conférant une identité propre.

Aussi j’ai tenté diverses approches afin de situer mon travail entre peinture et sculpture. J’apprécie particulièrement cet entre-deux parfois indéfinissable et sans étiquette. »

Le collage est avant tout une manière pour Henri MARC d’appropriation du monde en y prélevant des bribes qu’il réassemble non pas en forme de puzzle -qui ne ferait que retrouver son état initial- mais de « re-création » dans une dynamique « récréatrice ».

Les éléments qui le composent sont autant d’instants, de fragments d’histoire, de morceaux de vivant, de bouts d’univers, de fugaces impressions, de vagues sensations qui viennent s’emboiter et dialoguer pour mettre en place une cohérente universalité.

Le collage est pour Henri MARC une déclinaison de la peinture où, à la palette, se substitue le tiroir regorgeant d’images découpées, prêtes à l’emploi.

Les références et clins d’œil littéraires, musicaux, cinématographiques voire historiques sont omniprésents et un dialogue s’installe entre l’artiste et le spectateur par le truchement du collage où chacun développe sa propre histoire dans une auto-projection mentale.

Henri MARC propose un scénario et à la manière d’un livre, le spectateur construit son propre imaginaire onirique induit par le regard sur les œuvres présentées.

Et malgré une vision acérée –parfois acerbe- sur la société, l’humour et la poésie ne sont jamais très loin !

Florence WIEMERT